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Participants : Eric Badouel , Philippe Darondeau
Mots-clés : réseau de Petri, synthèse, région
Résumé : A l'occasion d'un travail de synthèse sur la théorie des régions [17], nous avons établi un lien étroit entre les régions d'un graphe, utilisées pour la synthèse des réseaux de Petri, et les cutsets de ce graphe, utilisés en génie électrique. Nous avons simplifié la dualité catégorique entre graphes étiquetés et réseaux de Petri, établie dans [4] pour des types arbitraires de réseaux, en remplaçant le cadre catégorique par celui des ensembles ordonnés. Le résultat est une connexion de Galois entre graphes étiquetés et réseaux de Petri [15]. Cette connexion de Galois s'étend aux systèmes de transitions par pas. Les régions des systèmes de transitions par pas correspondent aux régions ordinaires des systèmes de transitions obtenus en remplaçant leurs actions atomiques par des actions scindées en un début et une fin [16]. Les régions des réseaux 1-saufs s'obtiennent de la même façon à partir des régions élémentaires. On passe dans les deux cas de réseaux généraux à des réseaux purs, c'est à dire dans lesquels les ensembles de places en entrée et en sortie d'une transition sont disjoints). En utilisant l'ensemble de ces idées, nous avons montré que l'algorithme de synthèse polynomiale de réseaux de Petri purs donné dans [1] peut être adapté aux réseaux de Petri généraux (c'est à dire impurs), utilisant tout aussi bien la règle de tirage séquentiel que la règle de tirage par pas [15].
Dans un précédent travail, nous avions construit une
adjonction duale entre automates et réseaux, paramétrée par le
type des réseaux [4]. Nous
avons réétudié cette correspondance dans le cadre simplifié des
ensembles ordonnés. Les automates déterministes et accessibles
forment un treillis complet pour l'ordre défini par si et seulement si
et il existe une application
telle que
soit un morphisme
d'automates. Les bornes inférieures dans ce treillis se calculent
comme des produits d'automates, synchronisés sur chacune des
actions. De même, pour chaque type de réseaux
et pour chaque alphabet
, on peut munir les réseaux de
type
d'un préordre défini
si et seulement si
et il existe une
application
telle que
soit un morphisme de réseaux. En quotientant les
réseaux par l'équivalence induite, on obtient un treillis complet
dans lequel les bornes supérieures se calculent en amalgamant les
réseaux par collage sur les transitions. Pour tout réseau
, soit
le graphe de marquage de
réseau, et pour tout automate
soit
le réseau de type
ayant pour places les
régions de
, c'est à dire les morphismes d'automates de
dans
. Il est montré dans [15] que les automates et les réseaux
sont alors liés par une connexion de Galois:
Dans un automate classique, les états sont des étapes dans des suites d'actions. Dans un automate de dimension supérieure [Gou95], un état représente de plus un ensemble d'actions en cours d'avancement. De ce fait, les transitions atomiques d'un automate de dimension supérieure sont étiquetées par des débuts et des fins d'actions. On peut, en scindant chacune de leurs actions atomiques en un début et une fin, représenter par des automates de dimension supérieure les systèmes de transition par pas de Mukund [Muk92], dans lesquels les transitions se font par paquets d'actions simultanées, comme dans les réseaux de Petri avec la règle de tirage par pas. Maintenant, la connexion de Galois que nous avons établie entre les automates et les réseaux de Petri à règle de tirage séquentiel peut être étendue en une connexion de Galois entre les systèmes de transition par pas et les réseaux de Petri à règle de tirage par pas. Il est assez naturel de tenter d'expliquer les rapports qui existent entre les deux connexions par l'éclatement des actions atomiques en des actions scindées. On peut de fait définir l'éclatement d'un réseau et l'éclatement d'un système de transitions par pas sur l'alphabet des débuts et fins d'actions de façon telle que la version éclatée du graphe de marquage du réseau soit le graphe de marquage du réseau éclaté. Comparer les deux connexions de Galois revient donc à comparer les régions d'un système de transitions par pas et les régions de sa version éclatée. Eric Badouel a montré que les régions définies par Mukund [Muk92] pour les systèmes de transitions par pas correspondent aux régions de sa version éclatée définies par Bernardinello, De Michelis, Petruni et Vigna [BMPV96]. Les régions définies par Nielsen et Winskel [NW94] pour les réseaux de Petri 1-saufs correspondent de la même façon aux régions élémentaires d'Ehrenfeucht et Rozenberg [ER90b]. Dans ces deux cas, ceci justifie les variations de la notion de région liées au type pur ou impur des réseaux considérés.
Participants : Eric Badouel , Philippe Darondeau , David
Harlet
Mots-clés : réseau automodifiant
Résumé : Nous avons défini une restriction des réseaux automodifiants de Valk, appelée réseaux automodifiants stratifiés. Ces réseaux correspondent par la dualité à des produits en cascade d'automates. Nous avons montré que le problème de la synthèse a une solution polynomiale pour ces réseaux automodifiants stratifiés [14]. Nous avons d'autre part commencé à étudier les applications des réseaux stratifiés dans deux domaines, la programmation synchrone et la modélisation des systèmes coopératifs.
Un réseau automodifiant de Valk[Val78] est un réseau de Petri dans
lequel les poids entiers portés par les arcs de flot sont des
combinaisons linéaires entières de variables associées aux
places, représentant le contenu de ces places dans le marquage
courant. Dans un tel réseau, les relations de chaque transition
à l'ensemble des places
sont ainsi données par deux matrices de la forme
, soit
et
. La transition
est
tirable dans le marquage
si et seulement si, pour tout
compris entre
et
:
Dans le cadre d'une action concertée des projets EP-ATR et Paragraphe, une variante des réseaux stratifiés a été définie et utilisée par D. Harlet pour représenter les programmes du langage Signal. Dans ces réseaux, les transitions se font par paquets d'actions exécutés en deux phases: la phase d'initialisation produit un marquage inobservable, obtenu en remplissant les places de sortie des actions considérées, puis utilisé dans la phase de complétion pour évaluer les poids à prélever dans les places d'entrée. La sophistication de ces réseaux synchrones permet de douter de l'utilité de cette traduction de Signal en réseaux. D. Harlet étudie une autre traduction de Signal dans les Zero-Nets de Bruni et Montanari [BM97]. Ces réseaux sont des réseaux de Petri ordinaires, dans lesquelles on distingue simplement certaines places, appelées des zero-places, auquelles on demande d'être vides dans tout marquage observable (les autres marquages existent toujours, mais ne constituent pas des états stables). Ce travail est en cours de rédaction.
Les plus simples et les mieux maîtrisés des systèmes de
travail coopératif sont les systèmes de gestion de flux de
travaux (Workflow Management Systems), d'un usage assez répandu
dans les grands services d'administration. Ces systèmes se
prêtent très naturellement à la modélisation par des réseaux de
Petri. En suivant van der Aalst [vdA97], on peut par exemple vérifier
le bon fonctionnement d'un WMS en s'assurant que le rebouclage du
réseau de Petri associé est un réseau vivant et borné. L'un des
problèmes critiques des WMS est celui du changement
dynamique, c'est à dire de la modification du système à chaud
sans perturber la suite des travaux en cours. Ellis, Keddara et
Rozenberg [EKR95] prouvent la
correction vis à vis de ce critère de la règle de remplacement
différé qui consiste, afin de remplacer un sous-réseau par
un sous-réseau
,à dériver les entrées de
vers les entrées de
sans tuer
immédiatement.
Allant plus loin dans cette direction, on peut souhaiter qu'un
WMS ait plusieurs modes de fonctionnement, choisis en fonction de
conditions telles que la charge de travail, l'arrivée de tâches
prioritaires, la période de l'année ou autre... L'une des façons
d'aborder cet aspect est de considérer des réseaux de Petri
augmentés de règles de récriture de sous-réseaux. Ces règles de
récriture représentent les changements de modes. Un changement de
mode s'opère en gelant le sous-réseau en partie gauche de la
règle, en dégelant le sous-réseau en partie droite, et en versant
les jetons de l'un à l'autre afin que les jetons ne soient jamais
gelés et que le nombre total de jetons présents dans le système
soit conservé. E. Badouel et J. Oliver ont montré que les
techniques proposées par van der Aalst [vdA97] peuvent être étendus à ces
réseaux évolutifs, qu'il est par ailleurs facile de traduire en
des réseaux automodifiants faiblement stratifiés (les matrices
triangulaires par lesquelles les actions sont représentées
pouvant alors avoir des entrées diagonales autres que des
). Ce travail est en cours de rédaction.
Participants : Vincent Schmitt , Didier Caucal
Mots-clés : reconnaissabilité, décidabilité, dépliage
décidabilité: une théorie est décidable s'il existe une
machine qui l'énumère et une autre qui énumère son complément
dépliage: opération produisant à partir d'une structure
donnée une structure acyclique équivalente
Résumé : Deux études distinctes ont été menées sur la définition de la reconnaissabilité des graphes et sur la caractérisation des graphes reconnaissables. L'une des études concerne les graphes étiquetés dérivés de l'arbre binaire complet par substitutions rationnelles inverses. L'autre étude concerne les ordres partiels distributifs obtenus par réduction transitive des domaines de configurations de certains automates concurrents. Il a été montré que les automates trace stables et les automates trace pleins définissent pour ces ordres la même notion de reconnaissabilité. On trouvera aussi la présentation d'un travail en cours sur la notion de dépliage, visant à jeter les bases d'une théorie unifiée de la reconnaissance par des automates.
D. Caucal a étudié dans [12] la famille des graphes images de
l'arbre binaire complet par substitutions rationnelles inverses
(et accessoirement par restriction rationnelle sur l'ensemble des
sommets). L'image inverse d'un graphe
par
une substitution rationnelle
est un graphe construit sur le même ensemble de
sommets, tel que
soit un arc étiqueté par
si et seulement
si l'une des chaînes menant de
à
dans
porte comme étiquette l'un des mots du langage rationnel
.La famille de graphes ainsi construite contient
strictement la famille des graphes équationnels (ou point fixes
des systèmes d'équations sur les graphes définies par les règles
des grammaires déterministes). Dans ce contexte, l'intérêt majeur
des substitutions rationnelles inverses est de préserver la
décision de la théorie du second ordre monadique: si la théorie
monadique de
est décidable, il en est de même pour la
théorie monadique de
, et comme on sait (par le
théorème de Rabin) que la théorie monadique du second ordre de
l'arbre binaire complet est décidable, cette propriété s'étend à
tous les graphes de la famille étudiée (
ssi
où
est une formule
de taille linéaire en la taille de la formule
).
V. Schmitt a établi l'égalité des classes de domaines reconnus respectivement par deux types classiques d'automates concurrents: les automates trace stables et les automates trace pleins (ou systèmes de transitions asynchrones [Bed87]). Plus précisement, tout automate trace stable fini peut être simulé par un automate trace plein fini. Ce résultat, présenté dans [11] [13], conforte l'idée d'une notion robuste de reconnaissabilité des dI-domaines cohérents, indépendante du type d'automate utilisé. Les dI-domaines cohérents sont en effet connus pour être engendrés par les deux types d'automates considérés.
Ce travail en cours, mené par V. Schmitt en collaboration avec
le Professeur Anna Labella, de l'Université ``La
Sapienza'' (Rome), a pour objet de définir un théorie du dépliage
généralisant à la fois la théorie des espaces étales et la
théorie des dépliages d'automates ou de graphes. Ces deux
théories présentent en effet des analogies remarquables
(revêtement universel automate déplié, connexité
accessibilité...). L'enrichissement des bicatégories
apparait comme le formalisme adéquat pour capturer la notion d'
``espace au dessus d'un autre''. La nature des espaces étudiés
correspond au type de la bicatégorie de base. Les faisceaux de
locales sont par exemple présentés par Walters [Wal81] comme des enrichissements
particuliers de locales. Nous avons axiomatisé les
enrichissements sur des sous-catégories de la bicatégorie des
relations correspondant aux dépliages de graphes. Nous avons
notamment obtenu le résultat fondamental suivant sur les
changements de base: un 2-foncteur
avec des ``adjoint locaux'' définit une adjonction
entre les catégories des enrichissements respectivement sur
et sur
. Ce résultat s'inspire des
résultats obtenus par Kelly [Kel74] dans le cas des catégories
monoïdales. Il donne, dans le cadre catégorique, une version
généralisée du fait suivant: une fonction continue
de
vers
induit toujours une paire d'adjoints entre
les catégories d'espaces étales sur
et sur
. Il
nous reste à étudier précisément la signification de ce résultat
dans le cadre de la théorie des graphes. Dans la suite, on
souhaite aussi rechercher des conditions suffisantes pour
l'existence d'enrichissements ``universels'' ou de ``plus grands
dépliages'' (précisement: des objets initiaux). De telles
conditions ont été déterminées pour les revêtements en topologie
algébrique.