Projet Orion

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Grands domaines d'application

Introduction

Résumé : Les applications abordées dans le projet sont très variées et ont un rôle essentiel pour mener à bien les travaux dans nos axes de recherches. Les grands domaines principalement représentés sont les suivants : l'astronomie, la santé et l'environnement, la vidéosurveillance et les transports. Les réalisations effectuées à l'aide de nos outils et méthodologies peuvent avoir deux finalités différentes : l'une à caractère scientifique est de permettre un apport dans d'autres disciplines, par exemple en astronomie pour la classification automatique de galaxies ; l'autre à caractère industriel est de permettre le développement de systèmes opérationnels comme la vidéosurveillance de stations de métro. Notons enfin que si l'imagerie est un domaine d'application privilégié du projet, des travaux applicatifs en calcul numérique, tel que le pilotage de codes de simulation numérique, ont également lieu (cf. module [*]).

Imagerie astronomique

L'automatisation complète de la description et du classement de galaxies selon leur type morphologique à partir d'images est une application historique du projet [Tho89,TB89]. Cette application pour laquelle nous disposons en interne de l'expertise aussi bien sur les traitements d'images de galaxies que sur les modèles théoriques de classification morphologique nous sert de support d'expérimentation pour valider nos modèles et nos logiciels en interprétation pour la reconnaissance d'objets complexes et en pilotage de programmes [3,19].

Imagerie médicale

Nous nous intéressons à la définition de solutions adaptées aux problèmes spécifiques posés par le pilotage de programmes de traitement (de séquences) d'images médicales. La complexité du domaine de l'imagerie médicale (données images variées et riches d'information, information imprécise et incomplète, paramètres multiples, objectifs méthodologiques et cliniques nombreux) conduit à la recherche et au développement de méthodes perfectionnées de traitement d'images médicales. Quoique performantes, ces méthodes sont diffusées de façon restreinte auprès des utilisateurs en routine clinique. Notre objectif est donc de proposer un système de pilotage de programmes de traitement d'images médicales capable d'adapter les traitements d'images médicales à différents contextes et de les mettre à la disposition d'utilisateurs non spécialistes comme les cliniciens (médecins imageurs ou spécialistes). Parallèlement, la spécificité des besoins en pilotage de programmes de traitement d'images médicales fournit un cadre intéressant d'expérimentation d'un certain nombre d'extensions au pilotage de programmes. Nous travaillons d'une part, sur la modélisation des connaissances (i.e. images, buts, traitements disponibles, besoins des utilisateurs) qui doit refléter la richesse, la non-exhaustivité et le caractère évolutif du domaine médical, d'autre part, sur un mécanisme de planification et de contrôle d'exécution perfectionné pour respecter la démarche naturelle des experts. Enfin, une automatisation complète des opérations n'étant souvent ni possible ni souhaitable pour le traitement d'images médicales, nous nous intéressons à la place et la forme du dialogue avec l'utilisateur clinicien durant la résolution de sa requête.

Nous travaillons sur deux applications, basées sur des approches différentes du traitement d'images médicales.

La première étude est menée en collaboration avec l'unité 66 de l'INSERM (La Pitié Salpêtrière, Paris), sur des programmes d'imagerie médicale fonctionnelle. Il s'agit essentiellement du pilotage de programmes d'Analyse Factorielle de Séquences d'Images Médicales (AFSIM [FBDP$^{+}$92,BBa93]). La diversité des buts cliniques et des types d'images pour lesquels l'AFSIM est utilisée nécessite d'être modélisée au sein du système de pilotage par des concepts adaptés, intervenant à différentes étapes dans le raisonnement du moteur. De plus, cette diversité met en lumière différents niveaux de connaissances et de raisonnement, en particulier la distinction possible entre les connaissances génériques de pilotage de l'AFSIM et celles spécifiques à un type d'application de l'AFSIM. Enfin, les programmes de l'AFSIM soulèvent le problème de l'extraction des connaissances de pilotage qu'ils contiennent, couplé à des aspects de contrôle d'exécution non trivial. Une base de connaissances de pilotage de l'AFSIM (utilisée dans le but d'estimation de fonctions physiologiques) a déjà été développée avec YAKL sur une application de référence : le «suivi de chimiothérapie sur ostéosarcome», qui traite des séquences temporelles d'images médicales en médecine nucléaire/IRM (cf. figure [*]).


   Figure: Séquence dynamique d'images IRM (genou tumoral en coupe sagittale) et résultats de l'AFSIM pour l'estimation des fonctions physiologiques sous-jacentes à un ostéosarcome du genou. (a), (b), (c) coupes sagittales du genou tumoral à un instant donné, (d) les 3 facteurs résultat superposés à leur localisation spatiale respective : facteur vasculaire rapide, facteur vasculaire lent et facteur d'accumulation dans les tissus intersticiels. (images fournies par l'INSERM-U66).

\begin{figure} \begin{center} \begin{tabular} {\vert c\vert c\vert c\vert c\ver... ... \small (c)} & {\bf \small (d)}\\ \hline \end{tabular}\end{center}\end{figure}


Notre seconde étude concerne une application de segmentation du cerveau à partir d'images IRM 3D, en collaboration avec Grégoire Malandain du projet Epidaure de l'Inria (cf. figure [*]). Il s'agit ici de traitements d'images médicales basés sur les principes de la vision par ordinateur (morphologie mathématique essentiellement), visant à isoler le cerveau anatomique dans les images. Ici, les connaissances médicales utilisées par l'expert ne sont pas intégrées dans les programmes, mais interviennent à un haut niveau de raisonnement. L'intérêt principal de cette application réside dans la démarche de l'expert : elle est basée sur un mécanisme d'essai/erreur due à la difficulté de déterminer les valeurs de paramètres appropriées et à la sensibilité de ceux-ci aux conditions d'acquisition. La réparation d'une solution prend ici toute son importance, et s'étend à la nécessité de mémoriser l'historique des différentes solutions choisies et des traitements subis par les images.


   Figure: Exemple de segmentation d'images du cerveau : (a) IRM du cerveau initiale, (b) résultat de la segmentation du cerveau, (c) superposition du résultat sur l'image initiale pour une meilleure visualisation.

\begin{figure} \begin{center} \begin{tabular} {\vert c\vert c\vert c\vert} \hl... ...\small (b)} & {\bf \small (c)}\\ \hline \end{tabular}\end{center}\end{figure}


Vidéosurveillance

Dans le domaine de la surveillance de locaux, le sentiment croissant d'insécurité parmi la population a conduit les sociétés privées et, dans une certaine mesure, les autorités publiques à intégrer des systèmes de sécurité pour protéger leurs équipements ou leurs intérêts commerciaux. Pour la sécurité des lieux publics, les techniques de surveillance par caméras sont de plus en plus utilisées mais la multiplication de ces moyens entraine une saturation des moyens de transmission et des moyens d'analyse par les contrôleurs (il est difficile de surveiller simultanément des centaines d'écrans). Par exemple, il y a actuellement plus de 1000 caméras pour surveiller le réseau du métro de Bruxelles. Dans le cadre de nos travaux en interprétation automatique d'images vidéo, nous étudions depuis 1994 le problème du développement d'un système automatisé d'assistance aux opérateurs de vidéosurveillance.

L'objectif d'un tel système est de fonctionner comme un filtre ayant pour fonction de trier les scènes susceptibles d'être intéressantes pour l'opérateur humain. Construit sur la coopération d'un module de traitement d'images et d'un module d'interprétation basé sur des techniques d'intelligence artificielle, ce système doit reconnaître automatiquement différents scénarios présentant un intérêt quelconque, afin de les présenter aux opérateurs. Ces travaux sont effectués avec les partenaires académiques et industriels des projets européens Esprit Passwords, AVS-PV et AVS-RTPW. Une première gamme d'applications très simples pour la surveillance de nuit de l'intérieur de supermarché (AUCHAN) a montré la faisabilité de cette approche. Une deuxième gamme d'applications de type «surveillance de parking» où l'angle de vue assez large permet de voir de nombreux objets de nature distincte (voitures, piétons, chariots, etc.) dans un environnement changeant (éclairement, voitures en stationnement, arbres agités par le vent, etc.) a été étudiée (voir figure [*]). Cette gamme d'applications a permis d'expérimenter diverses méthodes de récupération du suivi, d'analyse de trajectoire, de reconnaissance de cas typiques (occultation, formation et séparation de groupes, etc.). Actuellement nous étudions des applications de vidéosurveillance dans le domaine du transport nécessitant l'analyse et la reconnaissance de groupes de personnes à partir de vue latérales basses prises dans des stations de métro (métros de Nuremberg, Bruxelles et Charleroi).
   Figure: Exemple de scène de parking où un individu zigzague dans l'allée.

\begin{figure*} \centering \begin{tabular} {c c c} \includegraphics [width=4c... ...auchan11_7.ps} \\ image\,D & image\,E & image\,F \end{tabular}\end{figure*}


Reconnaissance de pollens

 Dans le domaine de l'environnement et de la santé, le projet Orion s'intéresse à l'automatisation de la détection et de la reconnaissance de pollens anémophiles. Nos travaux prennent place dans un projet de santé publique avec des objectifs épidémiologiques et médicaux. Les objectifs épidémiologiques sont ici de mettre en évidence le rôle et l'importance des différents facteurs et cofacteurs de pollution de l'air dans l'augmentation de la prévalence des maladies allergiques ainsi que d'intégrer un réseau de surveillance des pollens anémophiles dans les réseaux existant de surveillance de la qualité de l'air. Du point de vue médical, il s'agit de réduire la fréquence et l'intensité des manifestations cliniques de l'allergie aux pollens, et d'assurer des actions de prédiction, d'information et de prévention médicale. Afin d'atteindre ces objectifs, les mesures de détection et de reconnaissance des différents types de pollens doivent être effectuées, d'une part, sur un réseau plus dense (il y a seulement 38 points de prélèvements en France) et, d'autre part, de manière beaucoup plus rapide (les résultats de mesures sont diffusés entre 8 et 15 jours après les prélèvements). Pour ces deux raisons, l'automatisation de la détection et de la reconnaissance des grains de pollens est souhaitée. De tels travaux n'ont commencé que très récemment dans la communauté scientifique ; ils sont basés sur l'utilisation de données images numériques, acquises à partir de lames, qui sont ensuite traitées par ordinateur. Deux directions principales sont étudiées : le comptage de tous les grains de pollen présents sur une lame dans le but d'avoir un compte global de la quantité de pollens, et la reconnaissance individuelle de chaque grain pour avoir une quantité précise pour chaque type de pollen. En ce qui concerne l'estimation globale de la quantité de pollens, son automatisation a commencé à être étudiée en utilisant des techniques de traitement d'images, à partir de 1995 que ce soit au Japon [KTAN95] ou en France[TBA$^{+}$97]. Toutefois, l'intérêt d'un système d'analyse automatique de pollens réside dans sa capacité à reconnaître le type de chaque grain de pollen ; c'est à ce problème qu'Orion s'est intéressé dès la fin de l'année 1996 [24]. À cause de la complexité des différentes formes de pollens, nous étudions une approche prenant en compte la connaissance des pallinologues ; pour cela, nous nous appuyons sur la coopération entre deux types d'outils : d'une part, des algorithmes de traitement d'images et de reconnaissance de formes et, d'autre part, des outils d'intelligence artificielle sous forme de systèmes à base de connaissances. Les algorithmes de traitement d'images et de reconnaissance de formes doivent permettre d'isoler les grains de pollens, et de réaliser les mesures numériques sur les grains susceptibles d'être des pollens. Les systèmes à base de connaissances doivent permettre de reconnaître les différents types de pollens en s'appuyant sur une modélisation taxonomique des espèces, et éventuellement, à terme de piloter les algorithmes pour optimiser les traitements. Notons que nous avons déjà utilisé cette approche dans d'autres domaines d'applications pour la reconnaissance d'objets naturels complexes tels que les galaxies, les zooplanctons [TG92,Oss96] ou les foraminifères [LSMTB96,LTB94]. Pendant l'année 1997, en collaboration avec les pallinologues du CEMBREU et le service de pneumologie du CHU de Nice, nous avons mené une étude de faisabilité sur ce sujet (cf. module [*] ).



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