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Nous avons généralisé cette année la solution du problème
(P) au cas d'un nombre quelconque de pôles lorsque
, et surtout résolu
(P'), toujours pour
,en le
ramenant de façon implicite à (P). Comme (P) se
ramène lui-même implicitement à un problème de type AAK, ces
liens nous permettent de montrer l'unicité de la solution de
(P') sous l'hypothèse que la fonction concaténée
appartient à
et de calculer cette solution en résolvant
itérativement un problème de décomposition spectrale pour une
famille de fonctions dépendant de paramètres implicites en les
données, qui sont eux-mêmes ajustés itérativement. La convergence
générique de cet algorithme dans les classes de Hölder-Zygmund
séparables a été établie. Ces résultats s'appliquent aussi à des
extensions en données partielles de problèmes d'interpolation du
type Nevanlinna-Pick et Carathéodory-Fejér [13]. Par ailleurs, le
problème (P) avait aussi été ramené implicitement à un
problème extrémal non contraint pour
, ce qui posait la question de l'analogue
d'une théorie AAK pour ces valeurs de
.Cet
analogue a été développé cette année et s'avère remarquablement
similaire dans sa formulation : la meilleure approximation
méromorphe ayant au plus
pôles dans le
disque d'une fonction
du cercle s'obtient
à partir des vecteurs singuliers de l'opérateur de Hankel de
symbole
entre deux espaces de Hardy convenables,
l'erreur étant à nouveau égale au
-ème
nombre singulier de l'opérateur. L'existence de vecteurs
singuliers repose ici sur la théorie de Ljusternik-Schnirelman et
sur la géométrie des produits de Blaschke de degré donné. Un
algorithme de calcul qui procède par continuation depuis la
valeur
est actuellement à l'étude.
En approximation de type dans
, nous avons établi avec H. Stahl
l'unicité asymptotique d'un point critique (c'est-à-dire
l'unicité pour un ordre d'approximation assez grand) lorsque la
fonction à approcher est de Markov avec une mesure associée qui
satisfait la condition de Szegö. La méthodologie générale de
preuve est celle de [8], mais
l'estimation de l'indice de Morse des points critiques utilise
ici un lien nouveau avec la théorie AAK et une estimation précise
de l'erreur d'interpolation due à V. Totik. Notons que le support
de la mesure peut être arbitrairement proche du cercle unité (de
sorte que l'on peut approximer des fonctions de transfert à la
limite de la stabilité), ce qui contraste avec un résultat
antérieur qui n'était, en revanche, pas asymptotique et ne
supposait rien sur la régularité de la mesure [5]. Un contre-exemple a également été
mis au point qui montre qu'on ne peut pas se passer de la
condition de Szegö en général.
En approximation pondérée dans ,
nous avons établi les équations aux points critiques de (
) lorsque la
densité de la mesure
est donnée par le carré
du module d'une fonction rationnelle, et ce en décomposant le
numérateur optimal sur une base des polynômes orthogonaux. Dans
le cadre de notre collaboration NSF-Inria, nous avons poursuivi
l'étude de la consistance (unicité du point critique à l'ordre
si
est elle-même
rationnelle de type
). Si le poids est de
degré
et pour
, nous avons exhibé des points critiques
dégénérés qui montrent que la consistance peut toujours être mise
en défaut. Ceci précise et généralise certains contre-exemples
disponibles dans la littérature [11].
Le paramétrage des matrices intérieures de degré de McMillan
donné s'est également poursuivi. Ce problème donne lieu à
essentiellement deux approches, évidemment interdépendantes. La
première s'appuie sur des réalisations, et donc s'adapte bien au
contexte de l'Automatique, mais présente l'inconvénient d'une
complexité combinatoire qui rend les calculs très délicats.
L'autre approche utilise des versions matricielles de
l'algorithme de Schur [1], et
c'est celle adoptée dans le logiciel hyperion . Unifiant ces
points de vue, nous avons montré que l'algorithme de Schur
tangentiel se traduit simplement en termes de réalisations. Ceci
a permis d'exhiber un nouveau paramétrage pour lequel le grammien
d'observabilité garde une valeur constante[GOon], ce qui confère un meilleur
conditionnement numérique [18].
Par ailleurs, dans le cas scalaire, un paramétrage des
fonctions intérieures de degré donné peut s'obtenir en
sélectionnant une réalisation normale dont la matrice de
Rosenbrock est unitaire et Hessenberg supérieure
positive[PH94]. Nous avons
montré que les paramètres correspondants sont en fait les
paramètres de Schur, ce qui ouvre des perspectives nouvelles dans
le cas matriciel. L'introduction d'un poids dans l'approximation
rationnelle matricielle a également été
abordé [20].
Le résultat le plus récent [MPS97] est une méthode
de construction de lois de commande périodiques stabilisantes
pour un système sans dérive qui ne dépendent que de la structure
de l'algèbre de Lie engendrée par les champs de commande. On
s'inspire pour cela des méthodes ayant permis d'approcher, grâce
à des commandes oscillantes, les trajectoires d'un système
<< étendu >> (où l'on rajoute des commandes fictives
dans les directions des crochets de Lie) par des trajectoires du
système original cf. .
Bien qu'intuitive a priori, l'adaptation de ces méthodes à
la synthèse de lois de commandes en boucle fermée est assez
délicate, et l'homogénéité y joue un grand rôle. Comme les lois
obtenues sont elles-mêmes homogènes, la stabilisation locale est
exponentielle. De plus, le feedback est complètement explicite,
et algébrique si le système est algébrique.
Pour certains systèmes, une fonction << énergie >> permet de concevoir une loi de commande stabilisante mais qui ne fait pas décroître cette énergie uniformément, et du reste cette énergie n'est pas une fonction de Lyapunov contrôlée. Un résultat préliminaire [26] permet d'obtenir explicitement une fonction de Lyapunov contrôlée, et donc une loi de commande associée à une fonction de Lyapunov stricte. Ceci constituait le stage de DEA de L. Faubourg. Le but de tels résultats --pourquoi s'intéresser à trouver des fonctions de Lyapunov si l'on connaît déjà une loi de commande stabilisante-- est l'étude et l'amélioration de la robustesse de lois de commande.
La publication [9] donne des conditions nécessaires et suffisantes pour l'existence de fonctions linéarisantes dépendant de l'état et de la commande dans le cas des systèmes à quatre états et deux commandes dont la dynamique est affine en ces commandes (ce sont les premières dimensions non triviales). Il est à noter que, dans les preuves de ces conditions, on a utilisé un logiciel de calcul formel (Maple).
On a obtenu [Pom97]
une caractérisation des courbes qui peuvent être approchées au
sens par des trajectoires d'un système
contrôlé affine en les commandes, en dehors de certaines
singularités.
L'étude des solutions numériques d'un jeu à somme nulle s'est poursuivie suivant deux axes. Il s'agit de rechercher des méthodes systématiques pour approximer la fonction valeur dans le cas où celle-ci présente des discontinuités.
Une première approche a consisté à tester sur des exemples concrets une formulation en termes d'inéquation variationnelle de l'équation d'Hamilton-Jacobi-Bellman. Le critère considéré n'est alors plus le temps minimal pour toucher la cible, mais la distance (orientée) minimale à la cible. L'ensemble de capture d'un jeu de poursuite est alors l'ensemble des points initiaux tels que les trajectoires optimales passent à une distance minimale orientée de la cible qui est négative ou nulle. Cela permet de se débarrasser de certaines discontinuités de la fonction valeur[Rap]. On a testé numériquement cette méthode d'approximation, avec succès, sur un jeu présentant de nombreuses discontinuités.
Une deuxième approche vise à généraliser les résultats de A. Kushner [Kus77] développés pour le contrôle. L'espoir est ici de relaxer certaines hypothèses de régularité globales, et de suivre une approche trajectorielle. Les résultats de convergences obtenus pour l'instant nécessitent toutefois des hypothèses qui ne sont pas satisfaisantes dans le cas des jeux.
Par ailleurs, nous continuons à progresser sur la question de
savoir quand un feedback permet de rendre un système non linéaire
contractant ou Lipschitz continu en tant qu'application des
perturbations vers les sorties. Bien qu'il ne soit pas
traité dans la littérature sous le nom de commande non-linéaire, c'est bien ce problème
qu'il faut résoudre si on veut des résultats de stabilisation
robuste. Nous avons montré son équivalence à un problème de
théorie des équipes << statique >> (au sens de
Radner). Nous avons pu étendre à ce cas notre approche de la
commande minimax en information incomplète et obtenu une
condition suffisante permettant de résoudre le problème dans
certains cas.